J’ai évolué dans une association franco-allemande pendant 10 ans. Cette phrase avait, disait-on, été prononcée par Gérard Foussier, président de l’asso, des années plus tôt, et s’était imposée comme ligne directrice pour les animateur·ices engagé·es. Rien ne sert d’avoir de superbes idées si elles n’en restent qu’à ce stade. L’important est de tout mettre en œuvre pour la réalisation de cette idée, même de façon imparfaite. Ce n’est qu’alors qu’elle pourra avoir de réels effets et être vérifiée.
La première animation de la Fresque de la biodiversité a été un beau moment pour moi, mais aussi un challenge pour ce qui est de transmettre l’espoir que les solutions existent et que même les initiatives individuelles, à petite échelle, pourront porter leurs fruits. Une participante particulièrement éco-anxieuse nous a fait part du fait qu’elle a totalement perdu la foi et qu’elle avait mauvaise conscience d’avoir mis des enfants au monde. Les solutions qui pouvaient être apportées à notre niveau lui semblaient une goutte quasi inutile alors que des gouvernements et des pans complets de la population restaient inactif. Je n’ai pas été en mesure de lui transmettre mon espoir que les choses peuvent selon moi encore évoluer dans le bon sens.
Après ceci, j’ai donc beaucoup réfléchi, cherché à mettre des mots ou à expliquer des ressentis et trouvé ceci : le modèle d’ « agrégation limitée par diffusion ». Ce modèle mathématique, appliqué au maillage utilisé par les naturalistes pour créer les atlas faunistiques ou floristiques, cela pourrait donné quelque chose comme ça :
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Bien sûr, ceci ne prend pas en compte différents critères qui entrent en réalité en jeu. La fracturation des habitats représente notamment un véritable empêchement de diffusion de la biodiversité et pèse fortement sur l’appauvrissement génétique qui fragilise la force et la durabilité d’une espèce. Mais le second système, partant d’îlots isolés plutôt que d’un lieu vaste protégé, permet de reconstituer bien plus vite des corridors et à des populations de s’étendre plus rapidement et efficacement sur le territoire, tout en favorisant le brassage génétique si important à la perpétuation des espèces (on sait tous que la consanguinité est néfaste).
Ainsi, j’aime croire que même si nous ne sommes pas très nombreux·ses à agir mais que nos havres de biodiversité sont répartis et aussi équilibrés que possible, ceci pourra permettre aux espèces de repeupler nos territoires dès que les conditions seront plus favorables. Et c’est déjà ce à quoi nous avons assisté pendant le Covid où la faune a repris ses droits de façon exubérante et magnifique. Et je terminerai par une autre citation bien connue de Mahatma Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » Il est en effet aujourd’hui prouvé que face à l’éco-anxiété, le meilleur moyen de faire face est l’action – si possible collective pour sortir de sa solitude.
Exemple d’étude : https://journals.openedition.org/vertigo/14645