Deux conférences ces derniers jours viennent nourrir mes réflexions et apporter du grain à moudre à ma compréhension du monde.
J’ai d’abord eu la chance de pouvoir assister le 29 novembre en direct à une conférence « La robustesse du vivant » d’Olivier Hamant, dont j’avais découvert avec enthousiasme plusieurs conférences en ligne l’été et l’automne derniers (la première sur Sismique, la seconde sur Thinkerview). Il y explique le concept de robustesse qu’il a étudié à partir de ses observations du vivant et développé dans différents cadres humains. Jusqu’à aujourd’hui, on considère communément comme la règle suprême de la (sur)vie le fait d’être fort et efficace. Pablo Servigne et Gauthier Chapelle ont démontré dans leur livre “L’entraide : l’autre loi de la jungle” (2017) que contre toute attente, de nombreuses observations naturalistes montrent que ce n’est pas la loi du plus fort qui prime dans la nature mais bien celle de l’entraide. Olivier Hamant fait également référence à ces découvertes dans sa conférence et il souligne que ce n’est que dans un environnement d’abondance que la compétition apparaît (Tiens tiens…). En cas de difficulté et malgré celles-ci, ceux qui survivent sont ceux qui coopèrent. Mais Olivier Hamant va plus loin et démonte également la croyance jusque-là établie que la nature vise l’efficacité pour éviter de perdre de l’énergie. Voulant trouver dans le monde végétal des signes distinctifs prouvant l’efficacité du vivant, il s’est cassé le nez sur des observations qui n’allaient pas du tout dans ce sens. Appelant des collègues à la rescousse, ils ont finalement conclu que le vivant ne cherche pas l’efficacité ou l’efficience, mais la robustesse. Et c’est cette robustesse qui permet à la vie de s’adapter, d’évoluer, de perdurer. En gros, la nature ne cherche pas à mettre tous ses oeufs dans le même panier ni à économiser ses ressources. Elle va plutôt garder de nombreuses portes ouvertes, quitte à dépenser plus d’énergie, pour être sûre d’avoir une issue. Ces deux concepts viennent illustrer à travers le vivant à quel point l’humain a fait fausse route et à quel point son objectif d’efficacité le met aujourd’hui en danger. Mais ce qui rend les conférences d’Olivier Hamant si enthousiasmantes, c’est qu’il ne se limite pas à nous dresser un portrait pessimiste de notre monde. Au contraire, il montre à l’aide de nombreux exemples animaux et humains qu’il est possible de rendre nos projets et notre vie robuste, voire même que cela est facile si on accepte de changer de paradigme. Son message plein d’espoir m’a donc fait un bien fou !
Mésange charbonnière dans tilleul
La seconde conférence était celle d’Hugues Mouret, directeur scientifique d’Arthropologia. Je l’ai découvert en 2022 autour du sujet des pollinisateurs et adore sa façon coup-de-poing de formuler que l’humain se plante dans sa relation avec la nature. Là encore, lors de cette balade-conférence intitulée « arbres et biodiversité », il a mis en lumière les aberrations de la gestion humaine de son environnement et démontré en les comparant avec le cycle naturel que nos pratiques favorisent la mort plutôt que la vie. Il me semble essentiel que l’humain cesse de jouer aux apprentis sorciers et retrouve avec humilité les savoirs-faire que la nature a mis des millénaires à éprouver.
Olivier Hamant devrait venir à l’écolieu en novembre 2025 pour y donner une conférence. Et j’espère aussi y faire revenir Hugues Mouret. Vivement l’an prochain pour ces belles perspectives ! En attendant : bonnes fêtes à tou·te·s !